Nelly Pouget : Journaliste

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Article paru dans Improjazz n°34 page 16

FESTIVAL PANAFRICAIN DU CINEMA, FESPACO
qui s'appelle OUAGA-CARTHAGE
du 3 au 6 Avril à la Villette à Paris,
l'Afrique en films et en musiques à ne pas manquer.

Tout d'abord, je reviens du Fespaco, après 21 ans d'absence du Bourkina-Faso, Ouagadougou ville métamorphosée, beaucoup de gens véhiculés en deux roues, des marées, pour reprendre l'expression de mon ami cameraman et photographe Jean-Pierre Kaba"Ouaga Deux Roues", des sculptures africaines en bronze ponctuent la ville, illustrant le patrimoine africain quelle surprise!!
Je suis arrivée dans la nuit, après la soirée d'ouverture, mais on peut entendre lors de déplacements dans la capitale tout confondu, tamtam, essais de sono podium, des chorales, l'ambiance est au rendez-vous, c'est la fête on est loin du Festival de Cannes.
Le lendemain, plus la journée avance, plus les sons de toutes sortes prennent naissance, les instruments acoustiques deviennent plus virulents tamtam mélangés au casier de boissons pour étancher la soif 35° le jour, 26° la nuit. Le début de la saison chaude s'annonce tout comme dans notre vieille europe la douceur du printemps arrive, des podium fleurissent la ville tout est prétexte à réunions musicales.
1er film que j'ai vu et qui m'a fait craquer MACADAM TRIBU du réalisateur zaïrois José LAPLAINE. Il a su vraiment faire ressentir l'évolution de l'Afrique dans ses traditions avec tout l'humour et la gravité de la situation des capitales, il est projeté le 4 Avril à la Villette.
J'ai toujours été convaincue en temps que musicienne, compositeur leader que l'art doit transmettre l'amour, et le désir d'une évolution, un spectacle quel qu'il soit si le public sort abattu n'est pour moi en aucun cas excellent.C'est trop souvent le cas dans nos productions industrielles tout arts confondus. Le cinéma africain c'est tout à fait autre chose, même si des informations très graves sont véhiculées à travers les images, les cinéastes dans l'ensemble des films que j'ai vu savent traduire la vivacité de ce continent, avec une telle réalité et une telle touche d'humour. Les cinéastes industriels ont bien de la graine à prendre, car souvent on s'ennuie.
Le Fespaco c'est aussi à certaines heures de la journée des conférences très enrichissantes dont le thème principal "GAGNONS ENSEMBLE LE PARI SUR LA MISERE ET LA PAUVRETE" table ronde comme celle du 28 Février 97 organisée par le festival, le ministère de la communication et de la culture et le programme des nations Unies pour le développement (PNUD). Je ne peux vous citer tous les noms des différentes personnes qui assistaient, écrivains réalisateurs artistes administrateurs, mais ce melting pot était d'un enrichissement incroyablement intéressant et les grands traits qui en ressortent, c'est une demande générale aux réalisateurs de continuer et de renforcer à travers leurs films la sensibilisation pour que leurs diffusions servent à faire réagir, suscitent le désir d'une organisation vers le développement pour mieux lutter et construire. Il ne m'est pas facile de vous détailler tous les sujets de ces débats forts intéressants je ne voudrais pas envahir IMPROJAZZ. Je tiens à souligner particulièrement un fléau dont nous sommes envahis en Europe, la violence des films des pays riches qui engendrent dans nos pays une extrême violence auprès des jeunes, dont le problème n'est pas suffisamment soulevé ici, on parle de violences dans les écoles mais on refuse de prendre le mal aux racines. Ce même mal traverse ce continent qui le refuse, n'ayant pas du tout la même évolution, c'est pour eux aussi un fléau et une préoccupation de lutte nous pourrions aussi peut-être en prendre de la graine.
De nombreuses femmes cinéastes ont été primées dans ce festival dont plusieurs femmes algériennes c'était une grande première, à la surprise de tous.
Dans le cadre du FESTIVAL FILMS DE FEMMES à Créteil, FLAMES de Ingrid SINCLAIR Zimbabwe, a été sélectionné, je l'ai vu à Ouaga, film qui traite de la guerilla au Mozambique à travers la vie de deux adolescentes, j'ai été très heureuse de voir qu'il commence a être visionné en Europe.
Revenons aux soirées, après les projections, le jazz africain battait son plein dans tous les restaurants de la ville des orchestres traditionnels, griots, venus de la brousse, j'ai eu beaucoup de plaisir à improviser à LA FORET au saxophone soprano avec un orchestre de jeunes adolescents talentueux, deux balafons très grands formats ponctués par toute une famille de percussions, tout le monde chante suivant l'évolution de la mélodie, musique très aérienne j'avais la sensation à certains moments d'entendre le folklore balinais à ma plus grande surprise.
Je peux vous parler du blues de Ouaga, au WAKATTI lieu ouvert par une chorégraphe bourkinabé, là aussi tous les arts et artistes s'unissent, en ce qui concerne le blues le leader guitariste chanteur (sur siège roulant), évolue dans un répertoire très traditionnel roots et invite le public à le rejoindre sur scène pour les refrain des grands standards allant jusqu'au madison j'ai joué le saxophone alto à la demande de certains cinéastes.
Dans l'ensemble les styles musicaux sont très variés suivant que l'on axe l'importance sur le chant, sur la mélodie les folklores sont très riches comme sur notre continent il n'y a pas si longtemps. J'ai découvert des percussions rectangulaires, pour ponctuer sortes de grandes caisses rappelant un retours scène c'était encore une surprise.
Le film primé, proclamé ETALON D'OR, BUUD YAM de Gaston KABORE (Burkina), surprise la musique est de Michel PORTAL à la clarinette basse, avec un son répétitif très épuré soutenu par des percussions, pour moi c'est un grand film de qualité, il sera diffusé le 6 Avril à la Villette si vous aimez le dépaysement positif n'hésitez pas.
Pour conclure les films africains ont un grand point en commun avec la musique improvisée, il existe un gros problème de distribution et de diffusion donc quelque part même combat pour ces cinéastes que pour nous compositeurs et improvisateurs.

Paris 15 Mars 1997, Nelly POUGET.

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Article paru dans Improjazz n°11 pages 3 à 7

Nelly Pouget
Compte-rendu de voyage aux States
Par l'une des saxophonistes les plus
En vue de l'hexagone...

Los Angeles est réellement une ville impressionnante 90km de ville. Bien sûr quelques tours qui sont des bureaux et tout le reste des maisons très belles, pratiquement tout le monde a sa maison. L'arrivée de nuit à Los Angelès des kilomètres de guirlandes, un immense tapis bleu vert, très peu de rouge à la différence des enseignes publicitaires de nos villes européennes.
Je m'attendais à arriver dans le quartier de Watts, très impressionnée, on m'en avait tellement parlé, je ne m'attendais pas du tout à trouver une zone pavillonaire avec des rues très spacieuses et des maisons stylisées très accueillantes. C'est Crenshaw, quartier Afro Américain avec de très beaux jardins, des palmiers. C'était mon lieu d'habitation, maison de Mr et Mme Tapscott.
Deux heures après je rentrais dans un quartier très proche voisin. Lemert Park, avec mes saxophones premier lieu World Stage, lieu fondé par Billy Higgin's, défendu et protégé par un petit cercle de musiciens et quelques personnes extérieures. Espace ravissant, habillé de peintures à l'huile jazz, très proche du domicile d'Horace Tapscott qui lorsque les workshopps s'achèvent peut composer dans la nuit, se côtoient le jazz, la poésie, les ensembles vocaux, lieu de concerts.
Amour Ange, Ange Amour, Dark Tree, Les Poissons étaient au rendez-vous en duo intime presque une année c'était déroulée depuis l'enregistrement Le Vivre.Puis Horace a voulu me faire une surprise, à l'angle de la rue, dans le même groupe de maisons, le 5th Street Dicks c'est un club dont le plafond est entièrement peint d'une grande fraîcheur. Un orchestre de femmes, Strange Fruits, la saxophoniste était très imposante de taille, l'alto paraissait minuscule. Femmes de couleurs et de bonnes humeurs, piano électrique et chant, guitare, sax, basse électrique, diverses percussions et batterie au programme Miles Davis avec des reprises vocales d'ensemble sur d'autres thèmes, un public fervent. Je retrouvais un peu l'ambiance londonnienne mais j'étais à la recherche de musique improvisée. Entre ces différents lieux dans le même block des boutiques afro américaines très colorées vêtements, cartes, une boutique vendait essentiellement des calendriers représentant les chanteuse de jazz, j'ai découvert Abbey Lincoln dessinée à la main et imprimée en carte postale. Aux terrasses se côtoient les amoureux du jazz, peintres, poètes, écrivaints, certains habillés et coiffés de très beaux tissus africains, habitants du ghetto et visiteurs. Une affiche a attiré mon attention, U S A Union des Etats Africains avec une dominante de couleurs jamaïcaines.
Dans ces deux quartiers il n'y a pas de tags, mais de nombreuses fresques murales très colorées, même sur certains abris bus sont représentées des familles, j'ai emprunté régulièrement le boulevard Martin Luther King, dénommé The King. Je pense qu'ici le Ghetto n'a rien à voir avec celui de New-York.
Première rencontre musicale en quartette organisée par Horace au World Stage, des musiciens du Panafrica Orchesta, Darryl Moore (batterie), David Bryant (contrebasse) ce fut une grande surprise.
Deux jours plus tard, je débarquais dans une soirée anniversaire, soirée privée dans une très grande villa du ghetto, avec une vue sur Los Angeles émerveillante, de nombreux musiciens trônaient au centre avec une présentatrice pour annoncer les participants. Tout est prétexte à réunir les musiciens, la maîtresse de maison m'a expliqué que les concerts se déroulent dans les maisons, elle était déguisée jusqu'au bout des ongles qui faisaient 20 centimètres de longs et multicolores c'était très curieux de voir tous ces déguisements. Dans cet endroit j'ai été dénommée la femme électrique, j'ai joué en quintet Horace Tapscott, Steve Solzee (ts), Bob Lacefield (d), Al Hines (b), il y avait Doll Scott (v), Sonny Graver (v), d'excellents musiciens du blues et des roots de la musique que j'appréciais de propulser.Le bassoniste Rudy Porter était présent.Parallèlement à toutes ces sorties j'avais accès à la musique room d'Horace Tapscott située dans son jardin, je pouvais pratiquer mes instruments à certaines heures de la journée. Deux nouvelles compositions ont pris naissance pendant mon séjour. Les coups de coeur musicaux étaient présents, j'ai eu la possibilité de faire la découverte de Jon Jang The Pan Asian Arkestra comme le nom l'indique il s'agit d'une grande formation qui pour moi est l'équivalent quelque part du Pan Afrikan Peoples Arkestra. Le leader Jon Jang pianiste dirige l'orchestre de neuf musiciens, Mark Izu (bass et Sheng: orgue à bouche chinois), Anthony Brown (trap set et talking drum), Melecio Magdaluo (saxophones alto et soprano, flute et percussion,) Francis Wong (saxophone ténor, flute, dizi: flute chinoise), Jim Norton (clarinette bass, saxophone soprano, flute et dizi), John Worley Jr (trompette, fluegelhorn, percussion), Jeff Cressman (trombone, percussion), la présence féminine de l'orchestre Susan Hayase taiko (percussion japonnaise), James "Frank" Holder (congas). Ils sont produit par le label italien Soul Note, très difficile de trouver ces disques à Los Angelès, je n'ai pas encore eu le temps de regarder en Europe.
Jam Session au 5 Street Dick's, fantastique rencontre avec le pianiste Nat Morgan spontanément Le Dire très riche suivit d'une improvisation collective Lewis Large (b), Corwell (d). Le percussioniste Djuno était présent dans la salle, il est venu me dire que je présentais ma musique comme Miles Davis j'étais surprise. Cette nuit là j'ai disposé du World Stage en solo et au petit matin j'avais exploré trois nouvelles notes suraigües au saxophone ténor. Parmis les coup de coeur de la musique room d'Horace j'ai trouvé un enregistrement malheureusement pas commercialisé d'un super concert en duo de ces deux pianistes Horace et Nat au Jazz Bakery relativement récent 1991, j'ai eu la possibilité d'apporter une copie.
Un samedi après midi alors que mon quartier de nuit était de jour j'ai rencontré Billy Higgin's à l'entrée du World Stage, il était de passage, en l'espace de quelques secondes j'étais en Europe nous parlions des musiciens vivant en Europe, je lui ai fait beaucoup de compliments et de remerciements pour ce lieu fort et chaleureux qu'est le World Stage. Il m'a regardée puis nous nous sommes salués, il repartait donner des concerts dans une autre région. De jour je pouvais accéder aux boutiques de disques voisins voisines, la première Final Vinyl dont le gérant est très investi et participe activement au World Stage et tout lieu environnant, m'a acheté Le Vivre (en vynil) qui a été exposé de suite et quelques Le Dire en CD, j'ai pu fouiller le rayon avant garde et m'apercevoir que beaucoup de disques avaient été produit en Europe, nous avons eu de longues conversations à ce sujet, j'ai fait quelques achats il faut préciser qu'aux Etats Unis les disques sont beaucoup moins chers qu'en Europe l'un des prix les plus élevés en grand magasin était de 15 à 17 dollards ce qui fait aux environs de 75 à 80 francs les taxes d'état sont moins élevées et les intermédiaires de la distribution doivent être plus raisonnables.
Un nouveau grand coup de coeur que j'écoute régulièrement depuis mon retour à Paris Cecil Taylor In Florescence, enregistré aux U S A en 1990 chez A&M avec Gregg Bendian (percussion, vocal) et William Parker (Bass, voice et percussion). Toujours j'entend dire que Cecil fait une musique innaccessible, cet enregistrement me touche très profondément et humainement.
La deuxième boutique de disques, gérée par Alden Kimbrough n'était pas facile à dénicher, elle se trouve à l'étage d'articles afro américains superbes Kongo Square Gallery & Gift Shop, à la hauteur du bureau du World Stage, Alden est un grand passioné de Sun Ra, il a tous les disques de Sun Ra, il vend des tee shirts avec Sun Ra et vend une collection jazz de cartes postales très copieuse venant des quatre coins du monde,( Ornette Coleman concert en plein air U S A 1960), bien sûr de nombreux disques. Il m'a acheté Le Dire, Le Vivre nous avons longuement parlé, il est convaincu qu'il n'y a presque plus de musique avant garde à Los Angeles ou bien des concerts très ponctuels. J'ai réussi à l'emmener avec moi un soir je vous en reparle un peu plus loin.J'ai du me soumettre à un certain nombre de tests, le premier à Santa Barbara au Red Lion, style l'Hôtel Méridien, des musiciens très classiques une musique (alimentaire), j'ai du reprendre mes standards au vibraphone Red Raulston, Tom Tonyan (p), Francis Vanek (sax, sop et ten), Havord Acey(d), très difficile de faire bouger ces gens là, trop d'énergie gaspillée, le public par contre était très agréablement surpris, il fallait prouver.
Plus tard au Bel Age Hotel j'étais heureuse d'entendre des standards joués très chaleureusement par le bassiste Henry Franklin (membre du Pan Afrika) et le pianiste Lamont Johnson. Bien sûr j'étais toujours à la recherche de lieux de musique improvisée.
Tous les sons de cette ville sont complètement spécifiques, les voitures américaines émettent des sons musicaux répétitifs jusqu'à ce que les portes des véhicules soient verrouillées. Les marchands de bonbons et gâteaux en camions sillonent les quartiers aux sorties des écoles, leurs passages se signalent par l'équivalent des sons de nos minuscules boîtes à musique mais démultipliées par des amplificateurs. Toujours des avions dans le ciel au dessus de la ville jour et nuit dont les habitants n'en ont pas la nuisance ils doivent toujours être à une certaine hauteur. Par contre les hélicoptères de la police surveille nuit et jour et passe très près des maisons parait- il que l'on s'habitue.
La publicité est présente mais comme la grande majorité des immeubles sont moins hauts qu'à Paris cela reste moins agressif. Beaucoup de publicité sur ce que les femmes ne doivent pas faire lorsqu'elles sont enceintes, drogues, alcools. De grands panneaux publicitaires avec un nouveau né complètement enroulé de tuyaux médicaux avec si vous êtes enceinte ne consommer pas de drogue. La guerre à la cigarette est devenue obsessionnelle, il est impossible de fumer dans les aéroports, dans les restaurants enfin quasiment partout, mais ils ne font pas la chasse aux armes à feu qui de toute évidence reste un problème réellement très grave.Visite de deux Clubs Catalina où se produit Horace Tapscott, ce soir là Bop Blues très vivant avec des envolées avant gardistes qui n'étaient pas sans apporter une certaine inquiétude au patron et employés qui observaient les réactions du public. Un refrain m'a beaucoup surpris reprit vocalement en coeur de manière répétitive, Hard Work. Jlon Handy (s), Larry Nash (p), James Leary (b), Oventiw Dewward (d). Cat & Fiddle Club très différent les gens viennent se retrouver là pour consommer et discuter, j'ai pu découvir Horace sur Fender dans une improvisation aventureusement électrique sur deux thèmes qui ont fait muter le public. L'orchestre était constitué de deux saxophonistes, piano électrique, batterie et contrebasse; à partir d'une certaine heure d'autres musiciens venaient apporter leurs contributions. Thèmes très construits, très structurés avec des improvisations très Côte Ouest, là encore jazz traditionnel aux structures classiques.
Un fax est arrivé de Rochester (U S A) (entre New-York et la frontière canadienne) WITR Radio, Rick Petrie me conseillait de faire connaissance avec Vinny Golia, nous avons donc pris rendez-vous.
Je me demande encore comment j'ai fait pour trouver sa maison située sur un canyon, un chemin d'accès non goudronné, les maisons sans numérotation, et tout ça en plein Los Angeles, dans un quartier encerclé de freeway, pour Vinny c'était tout à fait naturel, pour moi j'arrivais de Paris, et je réalisais la distance et l'immensité de Los Angeles, la "campagne" dans la ville. Il m'a d'abord offert douze disques, il était heureux que je lui apporte les miens, la conversation était dense nous sommes tout les deux musiciens leaders compositeurs et producteurs. Nous avons fait une longue rencontre musicale, improvisation duo saxophones soprano. J'ai eu la grande surprise de voir un livre concernant tous les doigtés pour tous les saxophones de mon premier Maître Jean-Marie Londeix. Vinny Golia est multi-instrumentiste essentiellement instruments à anches saxophones, clarinettes, basson, orgue à bouche, flûte en bambou, son label Nine Winds, je lui ai demandé de jouer pour moi du basson, il a tenu à ce que j'essaie cet instrument que l'on rencontre rarement dans les formations jazz et musiques improvisées, c'était la première fois, il était surpris par mon aisance dans l'emmission des notes graves, mais je ne pourrais trouver le temps de pratiquer tant d'instruments. Dans ma vie se succèdent saxophones soprano, alto, ténor et je pratique le piano cela représente déjà un nombre d'heures considérable. Je lui ai parlé de mes différentes visites en club, il a détaché de sa porte pour me le donner la programmation d'un club de musiques improvisées le Club Alligator situé à Santa Monica. Je me suis donc rendue dans ce lieu, assez spacieux, un trio rendait hommage à John Coltrane dans sa période avant garde cela changeait, Andréa Marcelli trio avec le saxophoniste Dougg Webb. Puis une deuxième formation très différente, un trio très moderne électrique présentant un spectacle vidéo avec des extraits de films s'enchaînant avec d'autres montages événementiels parfois humoristique. C'était le concert télé collectif, des écrans étaient dirigée vers le public et d'autres en direction de l'orchestre qui composaient au fur et à mesure de l'évolution du film qui passait par tous les états, ville, stress, violence, désert, parfois le film était en avant on entendait bien les acteurs et celà s'alternait avec les images sans le son où la musique est très présente intéressant. N T C groupe Michel Preussner's guitare et basse électrique avec batterie, avec Nels Cline guitariste que l'on retrouve dans différentes formations.
Pour mon grand plaisir une deuxième rencontre en quartette au World Stage organisée par Horace quelques jours avant mon départ. Là j'ai invité Alden Kimbrough dont je vous avais parlé, disquaire amoureux de Sun Ra, il était très surpris qu'il se passe quelque chose à deux pas de sa boutique. Avec beaucoup de complicité j'ai retrouvé, David Bryant contrebassiste, je pense le musicien le plus âgé du ghetto, compagnon de route dans les tournées européennes d'Horace, cette soirée était très fougueuse avec le jeune batteur Darryl Moore. Horace a enregistré ce concert, j'ai pu ramener quelques photos de cette soirée d'adieux qui me soudaient au World Stage.
Dernière rencontre, la chanteuse Bonnie Barnett improvisatrice, un disque enregistré en 1993 sous le label Nine Winds, Delay in Gravity, avec Michaël Whitmore (guitare classique amplifiée), Hannes Giger (bass), Richie West (drums). J'étais l'invitée de Bonnie pour une interview radio "Trilogy", notre découverte réciproque nous a fait très plaisir, le téléphone sonnait on m'identifiait à Albert Ayler, Charles Gayles, c'était la présentation Le Dire, Le Vivre.

Nelly POUGET Décembre 1994

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