Presse Internationale -- Grand Duché du Luxembourg



9 février 2005 5ème année n°32


Cap au Sud

De spectateur à créateur
La Kulturfabrik propose à une vingtaine de jeunes gens de monter un film d'animation
et d'en créer l'univers musical. Entrée dans le monde du 7e art.

Les participants, des enfants dans leur grande majorité, sont entourés par une saxophoniste et un réalisateur de films d'animation très expérimentés.
Dans une galerie de la Kulturfabrik, une bonne quinzaine d'enfants et quelques adultes préparent depuis hier un film d'animation qu'ils présenteront jeudi à 20 h en ouverture de la soirée de clôture du premier festival du film d'anima tion d'Esch-sur-Alzette.
À l'issue d'un ciné-concert à la Kulturfabrik, la saxophoniste française Nelly Pouget proposait aux responsables de la Kufa un atelier de fabrication d'instruments de musique pour enfants. Le réalisateur français de films d'animation Éric Godoy, qui a notamment déjà collaboré avec Canal+ et Arte, proposerait pour sa part un atelier de montage de films d'animation. Les participants du premier atelier créeraient la musique de l'oeuvre des seconds. La Kufa a été séduite. Le stage a commencé depuis hier.
Les deux ateliers travaillent en interaction. Pas de conditions particulières requises, pour les participants qui sont âgés d'au moins huit ans. Juste de l'envie, et du «contrôle de soi». Ces ateliers doivent faire prendre conscience à ces jeunes gens qu'avec des moyens simples, on peut se créer un monde riche où il est possible de laisser libre cours à son imagination. Quelques ados et adultes ont eu aussi la très bonne idée de s'inscrire à ces ateliers.
«Pas seulement passifs»       «Ils découvrent les coulisses de ce qu'ils voient à la télé. Mais, ils sont aussi des créateurs et ne se contentent pas d'être passifs comme devant un poste», confiait hier après-midi, Eric Godoy. Les enfants voient rapidement quel côté de l'écran est le plus séduisant. Hier matin, le petit groupe a construit à base de découpages dans des magazines, de nombreux personnages et des décors. À partir de cette matière première, ils ont conçu ensemble, à peine aiguillés par le spécialiste, le scénario et le story-board de leur futur film.

L'après-midi, l'initiation à l'animation commençait. Le décor, un salon, est posé sur une table. Un caméscope numérique, installé en surplomb filme la scène. Éric montre aux enfants comment animer simplement leurs personnages, image par image. En une vingtaine de prises, le personnage passe une porte puis traverse une pièce. Les enfants voient aussitôt sur l'ordinateur les résultats de l'animation.
«Et si vous le faisiez s'arrêter derrière la porte et regarder d'un air mystérieux (../..) ? Ça serait bien que les pieds de ce personnage touchent le sol», lance Éric aux enfants qui animent. La technique apprise, il s'agit de donner des expressions et des mouvements précis aux personnages.
De l'autre côté de la salle, Nelly Pouget fait construire à ses apprentis un instrument monocorde à l'aide d'une bouteille de lait en plastique et d'un fil de nylon qui, tendu et frotté contre les bords du goulot, produit des sons étonnants. Contrebasse en caoutchouc, tubes musicaux, carillons d'eau sont d'autres exemples d'instruments réalisables avec divers matériaux d'usage courant.
«C'est un média complet. Il faut écrire une histoire, faire bouger les personnages, créer la bande son. Ils découvrent qu'ils peuvent créer, être acteurs par rapport à l'image», observe Éric Godoy. Tous ces jeunes et moins jeunes créateurs présenteront jeudi soir l'histoire d'une princesse expulsée de son château par une sorcière. Dans la forêt, elle rencontrera de nombreuses créatures qui lui permettront de retrouver sa place. Lorsque l'imaginaire s'exprime...

Jérôme Quiqueret (Photos. Zineb Wilhelm)